Comment TikTok est devenu la « boîte à questions » de l’éducation sexuelle


« Les prélis, c’est quelques jours avant de passer à l’acte ou ça peut être le même jour ? », « Comment on fait pour galocher ? », « C’est normal de pas avoir ses règles à 12 ans ? » Depuis sa voiture ou dans le confort de son lit, Lilou, alias @lilou_sans_tabou, répond aux questions de ses abonnés à son compte TikTok (ils sont plus de 133 000).

« La majorité des questions, c’est pas sorcier. Quand ça demande plus d’expertise, je réoriente vers des spécialistes », explique-t-elle. La jeune femme n’est ni gynécologue, ni sexologue. Elle a 21 ans et elle est étudiante audioprothésiste. « A 17 ans, j’ai découvert que j’avais un vaginisme [contraction des muscles à l’entrée du vagin rendant difficile la pénétration] et j’aurais aimé qu’une grande sœur me parle de tout ça », se souvient-elle.

Sur TikTok, réseau social phare des adolescents, de nombreux jeunes créateurs de contenus partagent leur expérience et leurs conseils sur les sexualités, de la santé sexuelle aux fétichismes, en passant par la question du consentement. « Je crée le genre de vidéo que j’aurais aimé voir en tant qu’ado », raconte l’Américaine Shelly Ray Crossland, qui tient le compte @shamelesslyshelly, et aborde des sujets comme la contraception, l’IVG ou les violences sexuelles. Tant de questions qui peuvent parfois tourmenter les ados, et qui sont parfois difficiles à aborder avec les parents, les amis, ou même pendant les (rares) séances d’éducation sexuelle dispensées à l’école.

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A l’origine de cet engouement, il y a ces femmes qui ont pavé le chemin sur Instagram : @jemenbatsleclito, @wi_cul_pedia, @mashasexplique, @jouissance.club. Elles aussi se mettent à TikTok, comme Masha, devenue @mashasexprime, qui cumule 157 000 abonnés sur la plate-forme. « J’ai fait une vidéo sur le fait que la première fois n’était pas censée faire mal, qui a fait plus d’un million de vues. Il y a un gros besoin d’éducation sexuelle chez les jeunes, même s’ils ont plus de ressources que la génération 25-35 ans », explique cette créatrice de contenus.

Un lien particulier avec le public

Depuis 2001, au moins trois séances d’information et d’éducation à la sexualité par an et par classe sont censées être dispensées dans les établissements scolaires, du primaire au lycée. Dans les faits, on est loin du compte. « Même les établissements qui s’y collent, c’est une séance tous les deux ans », constate Margot Fried-Filliozat, sexothérapeute et autrice de Sexpérience. Les réponses aux questions des ados (Robert Laffont, 2019), qui intervient en collège et lycée sur les questions d’éducation sexuelle.

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